La logistique des circuits courts alimentaires et de proximité… 3 questions à Pierrick Marand, Chef de projet Observatoire & Territoire

Le 12 octobre, la région Normandie organisait la 3ème édition de la rencontre régionale de la logistique des circuits courts alimentaires et de proximité (CCAP). Une journée d’échange avec table-ronde et ateliers rassemblant plus de 200 participants (agriculteurs, entreprises agro-alimentaires, grossistes, mareyeurs, transporteurs, artisans, collectivités, universitaires, etc.) pour parler optimisation des organisations logistiques en circuit court et intérêt des solutions de mutualisation et de massification, usages des outils numériques et enjeux de la donnée Open Data, évolutions de la réglementation et de ses impacts sur les activités logistiques des producteurs, Zones à Faibles Émissions, etc.
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L’occasion était parfaite pour le consortium du projet CCAP-LOG, porté par Logistique Seine Normandie en partenariat avec l’Institut du Droit International des Transports, le pôle TES, la Chambre Régionale d’Agriculture de Normandie et BDM-Conseil, pour présenter les résultats de l’étude et l’ensemble du travail réalisé.
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Pierrick Marand, Chef de projet Observatoire & Territoire au sein de Logistique Seine Normandie, nous parle de ce projet au coeur des préoccupation de LSN. Rencontre…

 

 

  • Quels sont les objectifs du projet CCAP-LOG ?

 

Ce projet a pour ambition de contribuer à la mise en place d’une organisation logistique régionale adaptée aux circuits courts alimentaires et de proximité en créant un pool de compétences et savoir-faire régional autour de la logistique des CCAP et en mettant en place les conditions de dialogue nécessaires à une meilleure acculturation des parties prenantes permettant la création d’une offre logistique adaptée. Il s’agit concrètement de :

  • Approfondir l’identification des besoins et la connaissance des solutions logistiques adaptées aux circuits courts alimentaires de proximité en Normandie auprès de ses acteurs ;
  • Explorer des solutions juridiques et techniques (numériques, organisationnelles, équipements, etc.) répondant aux besoins de façon à optimiser les organisations logistiques ;
  • Mettre à disposition des acteurs des CCAP et de la logistique des méthodes d’accompagnement à la décision permettant d’arbitrer des choix logistiques, y compris en termes d’impact carbone ;
  • Formuler des préconisations pour la mise en place de solutions d’amélioration de l’organisation et de la qualité des prestations logistiques dans le cadre des circuits courts alimentaires en région Normandie.

 

 

  • Quels sont les principaux enseignements des travaux menés ?

 

L’analyse du secteur des CCAP en Normandie a d’abord montré que notre région a une offre de produits alimentaires en circuit court extrêmement riche et variée, avec de nombreux acteurs et de bonnes dynamiques sur certains territoires. Des dynamiques portées par :

  • Les consommateurs et les grandes et moyennes surfaces qui y portent un intérêt croissant et forment un marché intéressant, même si cet intérêt est en partie remis en cause par l’inflation actuelle ;
  • Les territoires grâce à une prise de conscience des enjeux de la résilience alimentaire et le lancement de nombreuses démarches de Projet Alimentaire Territorial (PAT) ;
  • Les évolutions réglementaires favorables (loi EGALIM, loi Climat et Résilience).

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Les travaux montrent aussi que la région Normandie est une région logistique qui bénéficie d’un réseau d’infrastructures routières et multimodales dense, de la présence de nombreux acteurs de la logistique et d’équipements importants (MIN de Rouen, Marché de gros de Caen). Mais ces activités logistiques principalement tournées vers des flux de longues distances et adaptés au modèle classique, ne répondent pas forcément aux besoins des producteurs en CCAP qui ne font pas, ou rarement, appel à des prestataires logistiques.
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Globalement, malgré l’investissement de nombreux acteurs, les synergies sont difficiles à mettre en place à cause d’un manque d’intérêt de certains producteurs pour les sujets logistiques – qui parfois ne sont même pas intégrés dans les prix des produits, un manque d’habitude de travail en commun entre producteurs, et d’acculturation entre producteurs et logisticiens qui amène à une incompréhension réciproque et à l’absence d’une offre de services logistiques adaptée aux circuits courts. Un dialogue large comprenant l’ensemble des acteurs des CCAP est donc absolument nécessaire
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L’organisation d’une logistique mutualisée ou externalisée est aussi particulièrement complexe à mettre en œuvre. D’une part, les volumes de produits alimentaires en circuit court restent trop faibles et variables (saisonnalité des productions et des commandes) et d’autre part, les points de distribution sont trop nombreux et divers. Les flux de distribution liés aux CCAP sont ainsi par nature des flux atomisés et difficile à mutualiser. À ces difficultés viennent s’ajouter le coût des équipements logistiques, le manque de standardisation des pratiques et la réglementation des transports (co-transportage, etc.) qui forment aussi des freins au développement de nouvelles organisations logistiques en circuit court.
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Il existe cependant de nombreuses initiatives et expérimentations locales portées, entre autres, par les différentes démarches de transition écologique et la mise en place progressive des Zones à Faibles Émissions (ZFE-m).

 

 

  • Que faudrait-il faire pour contribuer au développement de la filière des circuits courts alimentaires de proximité en Normandie ?

 

Le projet CCAP-LOG a permis plusieurs préconisations :

  • Contribuer à renforcer la connaissance des CCAP en Normandie pour encourager et faire émerger des synergies logistiques ;
  • Favoriser les rencontres, les échanges et les partages de bonnes pratiques entre producteurs, distributeurs et apporteurs de solutions logistiques ;
  • Associer les sujets logistiques et les outils numériques aux parcours de formation « Jeunes agriculteurs » et NAI tout en incitant les agriculteurs à suivre ces formations ;
  • Sensibiliser les collectivités et les transporteurs à ces enjeux ;
  • Proposer un cadre régional devant contribuer à la mise en place d’un réseau logistique dédié aux circuits courts ;
  • Travailler sur la convergence et le décloisonnement des démarches « circuits courts » au sens large pour permettre une optimisation des organisations logistiques tant d’un point de vue économique qu’environnemental ;
  • Soutenir les logisticiens des circuits courts (prestataires ou groupements de producteurs, producteurs) dans leurs démarches de transition écologique.

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Pour chacune de ces préconisations, le consortium du projet CCAP-LOG a proposé un plan d’actions envisageables dans le cadre d’une seconde phase du projet.

 

 

  • Pour en savoir plus et consulter les résultats des travaux réalisés, rendez-vous sur la page dédiée au projet CCAP-LOG !

 

 

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